Pollution de l’air : comment protéger sa santé lors des pics de pollution ?

Invisible mais omniprésente, la pollution de l’air constitue aujourd’hui l’un des enjeux majeurs de santé publique. Chaque année en France, elle serait responsable de plus de 40 000 décès prématurés, selon Santé Publique France. Et si ses effets sont souvent silencieux, ils n’en sont pas moins puissants : troubles respiratoires, cardiovasculaires, fatigue chronique, développement de cancers…

Lorsqu’un pic de pollution est annoncé, il est essentiel d’adopter les bons réflexes pour limiter l’exposition, surtout chez les personnes les plus fragiles. Car si nous ne pouvons pas respirer ailleurs, nous pouvons apprendre à mieux nous protéger. Voici comment.

Qu’est-ce qu’un pic de pollution exactement ?

Un pic de pollution correspond à un dépassement temporaire des seuils réglementaires de concentration de polluants dans l’air. Il peut durer quelques heures ou plusieurs jours.

Les principaux polluants en cause

  • Les particules fines (PM10 et PM2.5) : issues des moteurs diesel, du chauffage au bois, de l’industrie et des chantiers. Elles pénètrent profondément dans les poumons, voire dans le sang ;
  • Le dioxyde d’azote (NO₂) : émis surtout par le trafic routier ;
  • L’ozone (O₃) : formé par réaction chimique entre la chaleur et les gaz polluants. Très fréquent en été ;
  • Le monoxyde de carbone (CO) et les composés organiques volatils (COV) : issus des carburants, solvants, peintures…

Quand surviennent ces pics ?

Parfois, ils ont lieu en hiver, principalement à cause du chauffage, du froid piégeant les polluants au sol.

Toutefois, c’est surtout en été qu’ils font parler d’eux, comme on le constate actuellement dans certaines parties du pays. De fait, les pics estivaux sont en lien avec l’ozone, lors de fortes chaleurs couplées à un ensoleillement persistant.

Quels en sont les dangers pour la santé ?

Il s’agit d’une menace pour tous, mais surtout pour les plus vulnérables, à commencer par les enfants, dont les poumons sont en développement, ainsi que les personnes âgées. N’oublions pas non plus les asthmatiques et les personnes souffrant de maladies respiratoires ou cardiaques, ni les femmes enceintes.

Effets à court terme

  • Irritation des yeux, du nez, de la gorge ;
  • Toux, essoufflement, gêne respiratoire ;
  • Crise d’asthme ou aggravation de maladies chroniques.

Effets à long terme

  • Déclin de la fonction respiratoire ;
  • Accélération du vieillissement cardiovasculaire ;
  • Augmentation du risque de cancer du poumon, de diabète de type 2, et même de maladies neurodégénératives.

Même une exposition de quelques jours peut entraîner des conséquences sur la santé, surtout chez les personnes à risque précédemment évoquées.

Comment se protéger efficacement lors d’un pic de pollution ?

1 – Limiter les sorties à l’extérieur

Pour cela, évitez les efforts physiques intenses à l’extérieur (running, vélo rapide), et le cas échéant, reportez vos déplacements. Par ailleurs, et toujours dans la mesure du possible, privilégiez les heures où la pollution est moindre (tôt le matin ou en soirée, en dehors des heures de pointe).

2 – Éviter les zones les plus polluées

Dans cette optique, fuyez les grands axes routiers, ronds-points, zones industrielles. En ville, préférez les espaces verts ou rues secondaires. Par ailleurs, évitez de marcher au ras du sol avec des enfants car les particules y sont plus concentrées.

3 – Adapter ses activités sportives

Si vous souhaitez pratiquer un sport, faites-le en intérieur, dans un lieu bien ventilé, et si vous tenez vraiment à courir dehors, partez tôt le matin, loin du trafic, tout en réduisant l’intensité des foulées.

4 – Limiter l’aération du logement

Lors des pics, n’ouvrez vos fenêtres que tôt le matin ou tard le soir. De surcroît, si vous habitez à proximité d’un axe routier, évitez d’aérer aux heures de trafic.

Ajoutons que certains purificateurs d’air à filtre HEPA peuvent limiter la présence de particules fines dans une pièce. Quoi qu’il en soit, pour ne pas rajouter encore plus de particules chez vous, évitez les sources de pollution intérieure telles que bougies, encens, et/ou produits d’entretien agressifs.

Quels gestes adopter pour les enfants et les personnes fragiles ?

S’agissant des plus jeunes, voici les recommandations à connaître et à mettre en place :

  • Ne pas les faire jouer dehors pendant un pic de pollution ;
  • Éviter les poussettes à ras du sol dans les zones très circulées ;
  • Informer l’école ou la crèche s’il y a une pathologie respiratoire connue.

En parallèle, pour les malades chroniques, il convient d’abord d’adapter les traitements préventifs (asthme, BPCO), et de ne pas hésiter à consulter en cas de gêne inhabituelle. Enfin, pensez à garder les médicaments concernés à portée de main (sprays, bronchodilatateurs…).

Anticiper les pics de pollution : les bons outils

Il est désormais parfaitement possible de suivre la qualité de l’air au quotidien, et donc d’anticiper les pics grâce à plusieurs sources fiables, de Airparif.fr (pour l’Île-de-France) à Atmo France pour toutes les régions, en passant par plusieurs applications mobiles (Plume Air Report, IQAir, AirVisual, etc.)

Ces services fournissent des cartes interactives, des alertes en temps réel, et des prévisions à 3 jours.

Quelle conduite adopter si l’on doit se déplacer ?

En voiture, la première règle consiste … à en limiter l’usage, en vérité, notamment s’agissant d’un moteur diesel produit avant 2011, ou d’un bloc essence avant 2006. Dans la même optique, favorisez le co-voiturage ou les transports en commun. Par ailleurs, si vous avez besoin de votre véhicule personnel, mieux vaut couper la ventilation intérieure si vous êtes dans un bouchon.

Pour ce qui est du vélo ou de la marche à pied, il faut d’abord choisir des itinéraires loin du trafic, et éviter les croisements très circulés, où la pollution stagne. De plus, à vélo, roulez en mode tranquille pour limiter l’hyperventilation. Enfin, le port d’un masque anti-pollution avec filtre FFP2 peut être utile dans les zones urbaines très denses, mais il ne protège pas complètement des gaz.

La pollution intérieure : un autre danger méconnu

Même en dehors des pics, l’air intérieur est parfois 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, notamment à cause de la cuisson, des produits ménagers (aérosols, solvants), du tabagisme d’intérieur, ou bien du chauffage au bois. Mentionnons également les colles, vernis, peintures et même les bougies d’ambiance.

Dans ce contexte, aérez 10 minutes par jour, mais en dehors des heures de pollution extérieure, comme cela a été souligné plus haut. Choisissez en outre des produits ménagers éco-labellisés ou faits maison, et évitez les parfums d’intérieur ainsi que sprays. Vous pouvez aussi, en complément, installez des plantes dépolluantes … mais soyons francs, n’en attendez pas non plus des miracles.

Que faire si vous ressentez des symptômes ? Et à plus long terme ?

En cas de gêne respiratoire pendant un pic, restez d’abord au calme, dans un lieu frais et aéré. Bien entendu, Utilisez votre traitement de fond si vous êtes asthmatique, mais dans tous les cas de figure, en cas de symptômes inhabituels (essoufflement, toux persistante, oppression thoracique), consultez un professionnel de santé. Enfin, appelez le 15 (Samu) en cas de malaise grave.

Si les bons gestes personnels sont cruciaux, la pollution atmosphérique reste un problème collectif, qui nécessite, à plus longue échéance, des politiques publiques ambitieuses tournées vers la « mobilité douce ». Il s’agit aussi de prévoir et d’organiser une urbanisation plus verte, et une consommation plus responsable (avec moins de chauffage au bois, de véhicules « polluants », etc.). Très clairement, chacun a un rôle à jouer, à son niveau, pour limiter l’émission de polluants et favoriser un environnement respirable pour tous.

En conclusion

La pollution de l’air représente une menace discrète mais bien réelle pour notre santé. Et si l’on ne peut pas toujours contrôler la qualité de l’air que l’on respire, nous pouvons apprendre à nous en protéger efficacement, surtout lors des pics de pollution.

Or, en adoptant les bons gestes au quotidien, en nous informant, et en agissant collectivement, nous pouvons préserver notre capital santé… un souffle à la fois.

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