Les écrans et les tout-petits

Tablettes, Smartphones, ordinateurs, les écrans sont partout. Et si leur omniprésence dans le quotidien des adultes est déjà discutable en termes de santé, pour les tout-petits, elle est nécessairement à proscrire. Les spécialistes de la petite enfance l’affirment, les études le montrent : écrans et bébés ne font pas bon ménage. Nous vous en disons plus.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes… et des pratiques alarmantes

Deux enfants de 2 ans sur 3 qui regardent la télévision tous les jours, 20% des tout-petits de moins de 3 ans qui savent déjà se servir d’une tablette et même d’un Smartphone, telle est la proportion de bébés exposés quotidiennement aux écrans dans les foyers français. Pour ne pas parler de tous ceux qui subissent une exposition passive à une télévision allumée 24h/24. « C’est le seul moyen de le calmer », arguent les parents. « Certains programmes sont conçus spécifiquement pour leur tranche d’âge, nous ne les laissons pas regarder n’importe quoi », se justifient d’autres. « Apaisants » et « instructifs », les écrans pour les bébés et les jeunes enfants, vraiment ?

Le verdict des spécialistes

Tel n’est pas, en tous les cas, l’avis des spécialistes. Selon eux, en-dessous de 3 ans (et même au-delà, à trop forte dose), les écrans, loin de favoriser le développement de l’enfant, risquent plutôt de l’entraver, avec des conséquences plus ou moins graves. En jeu, leur évolution psychomotrice et cérébrale avec, à la clé, des troubles du langage, du sommeil et du comportement, pour n’en citer que quelques-uns. La raison ? C’est que la contemplation d’un écran n’offre aucune possibilité d’interaction à un jeune enfant, simple réceptacle des images qui s’enchaînent. Or, pour grandir et développer ses capacités cognitives, pratiques et relationnelles, l’interaction est fondamentale. Rien ne peut la remplacer, et surtout pas un smartphone ou une tablette.

Un risque de confusion entre images et réalité

Ainsi, un bébé exposé dès l’âge de 6 mois aux informations délivrées par un écran présente un risque de confondre, même en grandissant, les images et la réalité. C’est que découvrir le monde – du moins en partie, selon la durée et la fréquence des expositions – par le truchement d’un écran prive les tout-petits de l’exercice de leurs cinq sens. Pour comprendre ce qu’est une pomme, par exemple, le bébé a besoin de prendre le fruit dans sa main, de le respirer, y mordre, le faire rouler et tomber… autant d’actions simples mais essentielles qui sont impossibles lorsque la pomme en question n’est qu’une représentation sur un écran. De là à s’imaginer que les fruits n’ont ni odeur, ni consistance ni goût, il n’y a qu’un pas…

Un apprentissage du langage retardé

Pour la même raison, loin d’aider l’enfant dans son acquisition du langage, celle-ci a de fortes chances d’être retardée sous l’influence des écrans. Certes, les dessins animés et autres programmes réservés à la petite enfance foisonnent de dialogues susceptibles d’aider le jeune téléspectateur à enrichir son vocabulaire. Toutefois il s’agit, encore une fois, d’un flux d’informations unilatérales. Le tout-petit aura beau entendre l’écran répéter un nombre indéfinissable de fois le mot « pomme », ce n’est pas ainsi qu’il apprendra à le dire, lui, correctement. Seul un adulte pourra l’aider à corriger sa prononciation, reprendre ses phrases une à une pour l’aider à s’améliorer, en fonction des besoins réels de l’enfant.

Un vecteur d’agitation plutôt que de calme

Mais ce n’est pas tout. De même que la soi-disant fonction instructive des écrans, les vertus apaisantes de ces derniers ne sont qu’un mythe. En effet, bombarder d’informations visuelles un jeune cerveau n’est pas précisément synonyme de « calmer » un enfant agité. Le canaliser, absorber son attention, oui. Mais créer les conditions de son bien-être psychologique, certainement pas. C’est d’ailleurs, au bout du compte, exactement le contraire qui se produit : l’enfant « gavé » d’informations visuelles tendra à se montrer, au fil du temps, toujours plus agité. Habitué à absorber passivement des images, il sera incapable de fixer son attention sur ce qui n’en est pas. Et surtout, hyper-stimulé, le tout-petit accumulera, pendant le temps de vision, une nervosité qui explosera dès lors qu’on lui ôtera l’écran des mains. Un cercle vicieux se met ainsi rapidement en place qui pourra déboucher, plus tard, sur des problèmes d’hyperactivité ou des situations d’échec scolaire.

La conclusion s’impose donc d’elle-même : sans les écrans, dont les effets nocifs sont multiples sur le cerveau des tout-petits, bien des consultations chez le pédopsychiatre ou l’orthophoniste pourraient sans doute être évitées…

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